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Tribune libre

Fierté nationale pour de vrai… et non plus sur papier glacé

samedi 5 février 2011

En cinquante ans d’indépendance, on assistera toujours au même rituel de ceux qui nous gouvernent : paroles, paroles….et puis pas grand-chose. Que dis-je, si, le peu de chose qui sera réalisé, sera inauguré à grande pompes et on en parlera à toutes les sauces (suivre mon regard du côté d’Analakely !).

Mais ceci n’est pas l’objet de ma missive ! Les inaugurations auront droit de cité dans un autre papier quand j’aurais compris leur utilité… budgétairement parlant !

Donc, l’objet de cet article ne sera pas les « zava-bita » ou « réalisations », mais plutôt la constatation d’un fait très inquiétant : la mégalomanie de nos dirigeants. Dernièrement, sur le site du Courrier de Madagascar, un petit article citant la sortie d’un « magazine spécial » dont le titre ferait se retourner dans leurs tombes les nationalistes de 1947 à 1960. « Patriotisme et fierté nationale », un titre qui se veut ambitieux car l’essai ici consiste à faire avaler la légitimité de toutes les actions et réalisations faites durant ces deux années de crise sur le dos du nationalisme. Plus patriote et nationaliste que Andry Nirina Rajoelina, c’est difficile à trouver de nos jours. Pourquoi ?

Patriotisme et amour de la patrie

Comme la définition ne le dit pas, cette notion a évolué avec le temps. Car n’est pas patriote, qui peut. De nos jours, avec la crise mondiale sous-jacente, il est économiquement plus viable de quitter la patrie et de « survivre » tant bien que mal dans les contrées lointaines, pour quelques euros de plus.

En effet, qui peut se permettre de voir son pouvoir d’achat s’effriter au quotidien sans rien faire quand les moyens intellectuels existent ? Les plus privilégiés vont donc, sans remord, quitter la patrie pour mieux vivre. C’est ainsi que plusieurs de ces Malagasy de la diaspora sont taxés de « non-patriotes »… et ce, souvent par ceux qui n’ont que le choix de rester et survivre parmi tous les autres « patriotes restés au pays ». Première dichotomie donc sur le thème du patriotisme, ou plutôt sur sa notion primaire qui est, hélas, la plus amplifiée par notre « pauvre » société. Car en l’absence de définition claire, le flou s’installe et devient « patriote » toute personne qui « agit » pour sa patrie. Peu importe l’action, bonne ou mauvaise, la personne qui a agi au nom de la patrie, « est patriote ». Et c’est justement derrière cette autre définition que bon nombre de personnes, de tous bords politiques d’ailleurs, se réfugient pour justifier leurs « actes non patriotes ».
Que ne ferions nous pas par amour pour la patrie ? De nos jours pas grand-chose… de bien !

Du temps de la colonisation, ces termes « amour de la patrie » avaient un sens fort et le mouvement secret et populaire qui s’ensuivit, aboutit à l’insurrection et enfin à notre indépendance voilà cinquante ans. C’était bien, honorifique et juste. Un peuple colonisé se doit de faire entendre son désir d’être indépendant et sa patrie lui sera rendue. C’est le retour normal de la patrie à son peuple. Une patrie, un peuple, par amour de la patrie.

Alors quand la transition s’installe au sommet de l’État, une certaine ambition se cristallise autour du concept « sauver la patrie », « changer la patrie » et surtout diriger la patrie vers un jour nouveau. En d’autre terme c’est poser « un autre regard » sur la patrie. Car il faut le dire, c’est un luxe de s’arroger le droit de poser un autre regard sur une patrie qui en plus de cinquante ans d’indépendance, n’a pas réussi grand chose : classé parmi les pays les moins avancés avec une population vivant avec moins d’un euro par jour ; il est vrai que ce n’est la faute ni d’Andry Nirina Rajoelina, ni de Marc Ravalomanana, ni de Zafy Albert… puisque tous admettent que les vingt-deux ans de l’ère Ratsiraka y sont pour beaucoup. Parenthèse fermée.

Revenons au vrai sujet, le magazine spécial. Si patriotisme il y a eu durant les deux dernières années, pourquoi sommes nous encore à essayer de trouver une solution à « la crise » ? Pourquoi ne pas avoir tout simplement accepté de sortir la patrie de cette situation aux maintes occasions en occultant tout obstacle par amour de la patrie ? Peut-être parce que d’amour pour la patrie, il n’y en a point. Ou encore pour être plus précis, il n’y en a jamais eux chez les dirigeants… Et l’exception qui confirme la règle a surement existé mais malheureusement, rares ont été les occasions de concrétiser cet amour de la patrie par des actes. Et le tout est toujours resté au stade théorique des promesses ou bonnes intentions, le passage à l’acte étant surement réservé à ceux qui n’ont pas compris ce qu’est la patrie, n’est-ce pas ?

Alors peut-on être fier de la situation nationale et surtout, de quelle fierté nationale parle-t-on dans ce magazine spécial ?

Fierté nationale

Cette notion de fierté nationale peut être souvent mal interprétée : quand un pauvre aveugle qui lit la bible et mendie depuis plus de vingt ans est illustré par une émission spéciale, durant laquelle il a été doté de plusieurs dons présidentiels dont une maison meublée et illuminé « solairement »… La fierté nationale en prend un coup ! Est-on réellement réduit à en aimer nos pauvres jusqu’à les récompenser d’être resté dans leur état de pauvreté ? Il n’y a rien à être fier dans tout cela. Absolument rien. Mais bon, quand on tronque la valeur du Malagasy en tant qu’individu, en lui inculquant des choses basées sur quelques ariary sonnants et trébuchants, il ne faut pas s’étonner si le Malagasy perd ses repères et a cette fierté nationale facilement « déplacée ». Illustration : quand en septembre 2009, Madagascar n’a pas pu prendre parole à la tribune des Nations-Unies, c’est toute notre fierté nationale qui en avait pris un coup et sans même faire une analyse rationnelle des choses, ce fut la diabolisation de ces institutions et gouvernements africains, qui bien entendu n’ont jamais rien compris à… Madagascar. Car il faut le dire, personne d’autre au monde ne peut comprendre le Malagasy, ni Madagascar. Car pour beaucoup, l’air qu’on y respire est différent ! L’eau qu’on y boit est enivrante, les gens, les choses…tout est UNIQUE.

Donc, personne ne peut rien… pour Madagascar, sauf les Malagasy. Mais quand les Malagasy s’évertuent à ne rien faire pour Madagascar, personne ne mentionne la fierté nationale. Personne n’évoque même le passage à l’acte de tout ce « patriotisme théorique ». Aucun Malagasy n’a eu l’idée de faire le lobbying nécessaire pour que la patrie puisse être parmi les nations qui se sont exprimées en 2009 ? Si justement, et ce Malagasy qui a pu avoir la confirmation que Madagascar pourrait prendre la parole, a peut-être omis un détail important : Madagascar pouvait s’exprimer via son ambassadeur auprès de l’ONU. Cet ambassadeur, pleinement accrédité, et donc reconnu, pouvait représenter le pays et faire taire toutes les autres institutions ou gouvernements… mais non, parce que les dirigeants, par « amour pour la patrie », ont cru bon de faire le voyage aux États-Unis (première visite « officielle » en terre de l’oncle Sam, pour un Président non reconnu) et représenter Madagascar, par « fierté personnelle ». Résultat, le patriotisme et la fierté nationale ont eu droit à la raclée que l’on sait. Et bien sûr, ce fut la faute à l’autre (ici, les pays africains qui ont voté, en direct, la non prise de parole de Andry Nirina Rajoelina)… Peut-on toujours parler de « fierté nationale » ? Parce que le peuple a le droit d’être fier, mais les conditions requises reposent quand même sur des concrétisations et non des intentions.

Tout cela pour vous dire combien cela est pénible de voir que rien n’a véritablement changé depuis l’accession au pouvoir de celui qui au début devait incarner le changement. Pour emprunter la conclusion à un journaliste, il est important de mentionner que « tous les dirigeants (pratiquement) profitent de leur passage au pouvoir pour multiplier leurs villas ou pour placer famille et amis ». Souvent l’argent est placé bien au chaud, loin, très loin de la patrie. Une autre illustration du patriotisme qui mue avec nos valeurs. Vraiment pas de quoi avoir de la fierté nationale. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, mais en attendant, la mégalomanie s’illustre dans cette approche très théorique de ces deux notions qui perdent de leur sens en cette période de crise : patriotisme et fierté nationale. Le tout sur papier glacé.

En d’autre temps, le Malagasy aurait eu la décence de se contenir et éviter de s’auto-publier en pareille période. Et laisser à l’histoire le temps de s’écrire d’elle-même quand l’épisode est tourné. Car il est important de rappeler les faits, mais la biographie veut qu’une certaine étape soit passée pour la mentionner, personne n’écrit son histoire quand elle n’a pas… une bonne chute (terme journalistique pour définir la « conclusion »). Bonne lecture donc et que la patrie se voit doter d’un meilleur avenir pour que le peuple puisse enfin avoir une certaine fierté nationale… pour de vrai, mais non plus sur papier glacé.

Lisa Rakoto

4 commentaires

Vos commentaires

  • 5 février 2011 à 09:38 | Basile RAMAHEFARISOA (#417)

    Allons au fond de nos problèmes :

    KAPOKA MDCO=1/3 du KAPOKA NORMAL

    KAPOKA NORMAL=285 gr de riz

    le petit modèle atteint ,à peine 100gr

    Le kilo du riz:1 180 ariary (riz importé)

    (0,72 euro le kg du riz blanc chez Auchan-France)

    Les vendeurs sont de plus en plus nombreux à renoncer à afficher leurs prix,pour ne pas repousser ,d’avance, la clientèle.

    Le vary gasy à 1 300 ariary le kg,mais l’observatoire du riz indique que peu de consommateurs l’achètent parce qu’il répond « mal » à la cuisson.

    Les vendeurs proposent de TSIPALA à partir de 1400 ariary le Kilo (à combien le kapoka MDCO=1/3 du kapoka normal ??)) .

    - Tandis que les prix varient de 1500 à 1650 ariary pour le Makalioka.

    Maïs,denrée de substitution

    Février 2011.

    Basile RAMAHEFARISOA

    b.ramahefarisoa@gmail.com

  • 5 février 2011 à 09:57 | hafatra (#1895)

    Nahoana ny fitiavan-tanindrazana no nanjary valan’ny mpanao politika irery ? Nankaiza ilay toe-panahy sy toe-tsaina nentina niady ho an’ny fahaleovan-tena ?

    Aiza ho aiza ao amin’ny fitaizana sy fanabeazana ary fikolokoloina ny tanora ny anjara toeran’izany ?

    Toa niova tanteraka ny fomba fijery an’izany fitiavan-tanindrazana izany , ka aorina amin’inona ny fananganana ny firenena ? ny vola, tombon-tsoa manokana ? ny rendrarendra mandalo, ny ankoso-bolamena ?.....
    Samia mandinika isika rehetra

  • 5 février 2011 à 19:52 | Rabila (#1379)

    Se glorifier de l’idée de la patrie et de la nation, pour des gens qui ont violé l’état malgache, c’est se comporter comme un cochon qui se regarde dans la glace les perles au cou...

  • 6 février 2011 à 00:48 | Mihaino (#1437)

    Merci bcp Mme/Mlle Lisa Rakoto puisque votre article est très intéressant, instructif et objectif ...

    Je trouve bien dommage qu’une réaction parle du prix du riz paru dans plusieurs colonnes de MT et que ce PPN représente le fonds du pb .

    J’AIMERAIS DISCUTER avec des compatriotes qui possèdent d’autres arguments que la satisfaction matérielle du VENTRE ??!!

    La consommation du riz est nécessaire pour nous les malgaches mais pas suffisante . Encore faut-il avoir les moyens d’en produire et d’en acheter !!

    Je parie que tous nos dirigeants actuels mangent à leur faim , trouvent de la bonne viande , toutes sortes de charcuteries et de produits laitiers importés , diverses boissons hygiéniques et alcooliques afin d’assouvir leur soif et leur gourmandise ( cf buffets des receptions , des conférences , des assises ,des séminaires et que sais-je encore ???...) alors que le vrai peuple survit, vivote et trouve péniblement du travail pour nourrir sa famille !!!

    Il nous faut UN VRAI CHANGEMENT et trouver des Dirigeants nouveaux avec une équipe nouvelle pour gouverner notre beau PAYS !!!

    A quand les éléctions libres et transparentes ???????Vive la fierté nationale pour de vrai et .... à bas le papier glacé tape-à-l’oeil !!!!

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