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L’insurrection de 1947-1948

Combien de victimes ?

mercredi 9 avril 2008 |  974 visites  | Lahiniriko Denis, RAW

En 1947, Madagascar entre dans une lutte armée contre la présence française. Il s’ensuit une terrible répression qui motive les demandes répétées de réparation ou de compensation, voire plus, de la part de certaines associations, dont Otrikafo. Quoi qu’il en soit, 61 ans plus tard, historiens, écrivains, polémistes ou encore simple citoyen ne tombent pas d’accord sur le nombre approximatif des victimes. État des lieux du débat.

Une chose est certaine : les morts étaient nombreuses lors de la répression du soulèvement.

Autre certitude : les victimes malgaches représentent la quasi-totalité de ceux qui ont laissé leur vie. Les dommages et spoliations sont incontestables. Par contre, l’incertitude plane quand il s’agit d’évaluer le nombre de ces derniers.

  • Le rôle de la presse

Le chiffre de 80.000 morts a été donné par un Général français de l’époque. Depuis cette date, ce nombre est resté dans la mémoire collective malgache. C’est le résultat d’un système d’enseignement qui, visiblement, n’a pas jugé bon de tenir compte des avancées effectuées par la science historique dans le pays.

En effet, l’analyse approfondie du contexte politique de l’époque renseigne que l’évocation de ce chiffre par un haut responsable de l’armée coloniale n’a pas été faite pour affirmer une vérité quelconque. À l’époque, la pacification n’a pas encore touché à sa fin… Il s’agit plutôt d’une stratégie politique destinée à faire peur aux Malgaches dans le dessein de dissuader ceux qui seraient tentés de rejoindre les maquis pour prêter main-forte aux insurgés.
Quelques années plus tard, l’Administration française réfutait ce nombre en procédant à un recensement de victimes de l’insurrection. Elle avançait le chiffre de 15 à 20.000 morts dont la plupart ont succombé à cause de leur état sanitaire désastreux. S’il est difficile de croire aveuglément à la pertinence de cette enquête officielle, il n’en demeure pas moins vrai que la « popularisation » du chiffre de 80 à 100.000 est à mettre à l’actif de la presse communisante des années 1950. Avec un journal comme le « Fifanampiana », aidé par l’influent Comité de Solidarité de Madagascar, ce nombre finit par s’imposer.

  • Nouvelle évaluation

Récemment, avec l’ouverture des archives coloniales sur 1947, une nouvelle évaluation a pu être faite, notamment par une équipe d’historiens universitaires, malgaches et étrangers. Adoptant la technique de la démographie historique, ils ont procédé, dans leurs analyses des documents officiels, à des enquêtes sur terrain. Ils ont ainsi pu consulter des cahiers dans lesquels de nombreux villages de la côte orientale mentionnent ceux qui ont fui, ceux qui sont morts ou ceux qui sont nés à l’époque. Résultat : le nombre des victimes lors de l’insurrection est, certes très élevé, mais il ne dépasse pas les 30.000 morts.

La confrontation entre ces différentes évaluations est actuellement source de polémique. Sans y prendre part, on peut avancer tout simplement qu’il s’agit d’une opposition entre « Mémoire » et « Histoire ». Et les débats ne font que commencer… Toujours est-il que dans le contexte colonial, les préjudices et les dommages sont énormes. Le président Jacques Chirac l’a partiellement reconnu.

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