Faut-il que nous devions continuer à nous poser les mêmes questions 18 ans après ? De la marche vers le Palais d’Iavoloha le 10 aoà »t 1991 à la marche vers le Palais d’Ambohitsitsirohitra le 7 février 2009, les mêmes causes produisent immanquablement les mêmes effets.
Pour provoquer la sortie de l’impasse créée par une auto-proclamation, les tenants de la prise de pouvoir insurrectionnelle emmènent la foule marcher sur un Palais présidentiel. Classés zones rouges, ces bâtiments sont protégés par un régime de protection spéciale qui expose les contrevenants au pire.
Quel que soit le Président en fonction, quel que soit le Palais concerné, quel que soit l’opposant qui mène la foule, quelle que soit la cause à défendre, quels que soient les militaires, les règles sont immuables : on ne peut impunément pénétrer dans un Palais d’Etat.
C’est triste de le dire eu égard au morts lors des deux événements, mais dura lex, sed lex. Contrairement à ce que tente de faire croire le Maire Andry Rajoelina, même vide, un Palais n’est pas qu’un ensemble de bureaux. C’est un symbole de la République.
Dans la situation de crise politique où l’autorité de l’Etat est bafouée de plus en plus chaque jour, l’autorité publique s’effrite. Il n’est donc pas étonnant que certains malintentionnés en profitent, et se mettent à organiser des casses.
Même dans une situation stable, l’Etat malgache n’arrivait pas à assurer correctement la sécurité des biens et des personnes. Comment espérer qu’il le fasse dans une telle situation de déliquescence où tout a été fait pour saper son autorité et son pouvoir ?
Après avoir laissé faire, depuis la Place de la Démocratie à la Place du 13 Mai, il est évident que l’Etat devait à un certain moment mettre le holà . Ce fut par la voix des armes. C’est malheureux, mais c’était à prévoir.
Du 10 aoà »t 1991 au 7 février 2009, les mêmes questions des responsabilités se posent. Qui a donné l’ordre de tirer ; et qui a amené la foule sur une zone rouge, en pleine connaissance de cause ? La défense de la légalité autorise-t-elle les tirs à balles réelles sur une foule sans défense ; mais la noblesse ou la légitimité de la lutte pour la démocratie autorise-t-elle à ne plus s’embarrasser de scrupules et de limites ? La garde présidentielle a tiré sur la foule. Mais la foule n’aurait pas été là si on ne l’avait conditionnée et dirigée pour y être. Dont acte.
Il est cependant bien connu qu’une cause a besoin de martyrs. Combien en faudra-t-il, après 49 ans d’Indépendance, pour qu’on redonne enfin une valeur sacrée à des mots simples : liberté, démocratie, Constitution, Etat. Mais pour que l’Etat soit respecté, encore faut-il qu’il se comporte de manière respectable. Comme dirait l’autre, that is the question.