Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
vendredi 3 mai 2024
Antananarivo | 18h57
 

Economie

« Blanchiment » de bovidés

Ar 50.000 par tête pour des papiers administratifs

vendredi 4 avril 2008 |  849 visites  | Nivo T. A.

Les vols de bovidés sont loin d’être éradiqués à Madagascar. Et pour cause. Des bovidés volés à l’origine deviennent des « troupeaux » vierges de toute suspicion. En général, les vols de bœufs proviennent de la commande effectuée par une tierce personne auprès des voleurs potentiels. Ce sont les receleurs ou commanditaires qui en tirent profit alors que les dahalo ne font qu’exécuter les actes au détriment des éleveurs.

Au cours des investigations que nous avons effectuées dans la région du Menabe, l’on a appris que le « blanchiment » d’un bovidé revient environ à Ar 50.000. Cette somme sert à obtenir des papiers administratifs indispensables à la
« vente sans accros » de bovidés. Et ce pour la simple raison que ce ne sont pas les contrôles des autorités compétentes qui manquent en cours de route pour déceler comme il se doit l’origine exacte des troupeaux, voire celle d’un bovidé. Ce mic-mac s’explique par le fait que si un bovidé gras, donc valablement vendable revient à Ar 600.000, le
« patron » réalise encore des bénéfices même s’il doit payer Ar 50.000 pour le … blanchiment de
« son bien ». Selon les explications données par le Lieutenant-Colonel Rakotobe, commandant du groupement de la gendarmerie de Menabe :
« très souvent, des bovidés se trouvent plus ou moins épurés sur le marché parce que des receleurs ou commanditaires se sont occupés au départ des préparatifs des papiers administratifs nécessaires pour l’acheminement en bon et due forme des troupeaux vers les marchés, comme si ces derniers étaient vraiment des bovidés blanchis de toute suspicion. La principale raison en est plus que convaincante compte tenu de la régularité des paperasses certifiant l’origine des bovidés. Toutes les fois que les voleurs ne sont pas pris en flagrant délit, on a du mal à dénicher les contrevenants des autres. A preuve. Les bovidés en question sont munis de papiers … administrativement réguliers ». Quoi qu’il en soit, les forces de l’ordre déploient des efforts pour réduire le taux des vols de bœufs dans la région du Menabe dont certains districts comme Miandrivazo, Imanja ou encore Belo/Tsiribihina sont encore classés zones rouges.

==========================
- « Kalôny » à l’origine de la baisse des vols de bœufs

Depuis des années, la région de Menabe est réputée comme étant le fief des vols de bœufs. Tous les efforts ont été axés à la recherche des voies et moyens pour éradiquer ce fléau économique ayant entraîné la perte de milliards d’Ariary, au détriment des éleveurs.

Le Lieutenant-Colonel Rakotobe, commandant du Groupement de la gendarmerie de Menabe a évoqué qu’avant 2005, environ 500 bœufs volés par an ont été enregistrés dans chaque brigade de la gendarmerie. Autrement dit, une compagnie composée de 5 brigades de ZP s’est occupée généralement des cas relatifs à 2500 têtes en une année. Rien que dans une compagnie, le préjudice se totalise à environ 250 millions d’Ariary alors que la région du Menabe compte 5 compagnies.

Cette catastrophe économique n’a pas laissé insensibles tous les auteurs de développement dont surtout des responsables de la sécurité publique. Voilà une des raisons qui devait amener la ZP de la région à mettre en place les « kalôny » (colonnes), un groupement issu des fokonolona, pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens dans une localité donnée. Cette initiative a réduit sensiblement le nombre des bovidés volés car les dahalo ne sont autres, dans leur majorité, que des membres du fokonolona en question. Une forte sensibilisation a été menée pour convaincre les gens à prendre leurs responsabilités face à la recrudescence de l’insécurité qui constitue sans conteste l’ennemi N°1 de la communauté villageoise.

  • Résultats prometteurs

La mise en place des
« kalôny » dans la région de Menabe a été donc lancée dans le district d’Imanja, en novembre 2005, et les résultats obtenus depuis ont été des plus prometteurs. Ce district, avec celui de Miandrivazo, est le plus souvent victime des dahalo. Actuellement, ce n’est plus le cas pour Imanja, car il est en train de devenir une zone bleue, contrairement au district de Miandrivazo qui reste encore zone rouge parce qu’il se trouve limitrophe du grand marché des bovidés de Bongolava, à savoir Tsiroanomandidy. En plus, le fokonolona de Miandrivazo reste encore réticent sur l’existence des
« kalôny ». Le nombre des forces de l’ordre s’avère également insuffisant.

De tout ce qui précède, le commandant du groupement du Menabe a raison de confirmer la nette réduction du nombre des vols de bœufs dans cette région. Si en 2005, 9259 bœufs ont été volés, ce chiffre a baissé jusqu’à 3624 en 2007. Quant aux actes de banditisme, ils sont également en baisse pour la simple raison qu’ils sont en relation avec les vols de bœufs : 27 cas en 2007 alors qu’ils étaient de 34 en 2005. Malgré les résultats obtenus, la ZP n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Elle s’efforce toujours d’éradiquer autant que faire se peut ce fléau minant l’économie régionale.

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS 
 

Archives